16 juin 2011

Un "américain-frites", un !

« La contribution belge à la culture mondiale, on le sait, se limite à des gaufres moles, quelques variétés de bières et du chocolat. » C’est en tout cas ce qu’affirme Danny Wind, un Américain. Cet auteur d’un livre au titre décalé, « Let’s kill the Belgians : A Child’s Guide to Genocide », pose une question brûlante : « Qu’ont fait les Belges de leur temps ? » Et propose une réponse loufdingue : « Peut-être que la Belgique étouffe le monde avec ses gaufres sucrées pour détourner notre attention de ses ambitions impérialistes grandissantes, alors que les Belges construisent une machine de guerre dont Alexandre le Grand ou Gengis Khan n’auraient pas osé rêver. Alors que l’Amérique tergiverse au Moyen Orient, le vrai ennemi se renforce. » Bigre, on tremble.
Son manuel d’instruction révèle aux enfants américains le plan démoniaque belge et leur donne les moyens de combattre l’invasion. Aux armes citoyens, le péril menace. Car « Si les Belges en avaient l’occasion, ils envahiraient l’Amérique ». Et ensuite, que se passerait-il ? « Les Belges tueraient votre maman et votre papa. Ils vous feraient apprendre le belge à l’école et vous feraient manger des gaufres trois fois par jour.» Des gaufres et peut-être même des choux de Bruxelles, cette abjection puante déguisée en aliment. Trop c’est trop. La bouffe comme extension du domaine de la guerre, ça, c’est vraiment dégueulasse.
Je parle très bien de ce livre, mais je n’ai pas pu me le procurer. Il a été retiré de la vente suite aux réactions pincées d’un certain nombre de journalistes. J’entends d’ici les forces de la bien-pensance faire la leçon d’une petite voix sucrée : « Ah, n’est-ce pas, on ne peut pas rire de tout, ce n’est pas le moment, vu les événements en Belgique… » Quels événements, du reste ? Que se passe-t-il de si grave qui nous interdise de rire ?
Extrayons le suc de ce fait divers. 1) Les forces de la bêtise sont toujours actives ; 2) L’humour belge est surfait ; 3) La gastronomie belge mérite un réexamen attentif et critique.
Messieurs les censeurs, bonsoir. Et si jamais Danny Wind lit ce post, je l’invite à dîner… Au menu, de l’« américain-frites », le plat préféré des Belges : ce sera la fête !