22 septembre 2012

Les fesses de Mahomet : et mon cul, c'est du poulet ?

« Pour ou contre les caricatures de Mahomet » constitue le débat du jour. Moi je suis pour leur publication, tous à poil, l'éclate intégrale ! Mais je me dis que dans Charlie Hebdo ils sont parfois plus pusillanimes que lorsqu’il s’agit de montrer le postérieur du Prophète. On rappelle qu'en 2008 leur boss Philippe Val a renvoyé le dessinateur Siné pour une chronique soi-disant antisémite – et qui en fait, aux yeux de la justice, ne l’était pas. Je me souviens aussi que, lors d’une émission sur France Inter où j’étais invitée il y a deux ans en compagnie de Charb, leur actuel patron, celui-ci a dit en substance de mon livre poil à gratter Tchao la France : « La France c’est mon pays, je l’aime et j’y reste ». On en conviendra, c’est la marque d’un esprit profondément subversif.

Choquer, c’est amusant, mais il faut courir le risque d’être choqué soi-même. Se moquer des croyances des autres est salutaire, à condition de ne pas s’épargner. Or, bien des journaux en France sont convaincus d’être les piliers du pacte social, ce qui leur confère un petit ton moralisateur que certains curetons n’auraient pas renié. Pas étonnant que la France ne soit classée que 38e mondiale au classement 2011-2012 de la liberté des médias publié par l’ONG Reporters sans frontière (derrière le Salvador et la Papouasie Nouvelle Guinée). Même les publications satiriques hésitent à brocarder la France et ses dogmes, la République et sa sacro-sainte école laïque, trahissant par là l’héritage libertaire du bon professeur Choron.

Bref, la liberté d’expression doit être toute, ou ne pas être. Outre les fesses de Mahomet, je veux pouvoir me procurer Mein Kampf, mais aussi les opuscules interdits au nom de la protection de la jeunesse, les publications révisionnistes, les manifestes de sabotage anarchiste, Tintin au Congo (menacé par les foudres anti-colonialistes), etc. « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi », promettait jadis Pierre Perret dans une chanson. J’y compte bien : les fesses ne sauraient suffire.