16 mai 2013

A l'Intello Academy, the winner is...

Ça bouge. Tant mieux, on se faisait chier. Les Indignés, Les Occupy Wall Street, Wikileaks, les Anonymous, les Femens… J’essaie de comprendre. A la bibli, je prends par hasard le livre « Où est passée la critique sociale ? » de Philippe Corcuff (paru en 2012 aux éditions la Découverte), en apparence consacré au sujet. Mauvaise pioche. Je le feuillette, je suis d'emblée rebutée par le style universitaire. Jusqu’au moment où je tombe sur un passage qui aurait sans aucun doute inspiré Molière. C’est un commentaire d’une chanson de Michel Jonasz, rédigé par la plume lourdingue d’un type jargonnant qui joue au jeu de Kikalairplusintelligent. Cela vaut son pesant de boudin. Voici la page 44, le lecteur savourera :

 « Dans les vacances au bord de la mer, l’expérience de l’inégalité sociale, les contraintes et les incapacités sont thématisées à la manière d’une sociologie critique, mais selon un autre jeux de langage :
 
On allait au bord de la mer/Avec mon père, ma sœur, ma mère/On regardait les autres gens/Comme il dépensait leur argent/Nous il fallait faire attention/ Quand on avait payé le prix d’une location/Il ne nous restait plus grand-chose.

Cela donne une tonalité mélancolique au texte, parfois au bord du ressentiment. Le spectacle désenchanté du poids de la domination n’appartient pas seulement aux discours en surplomb de type situationniste ou postsituationniste, il peut participer du rapport ordinaire à la domination :

Alors on regardait les bateaux/On suçait des glaces à l’eau/ Les palaces, les restaurants/On faisait que passer devant.

Pourtant, ce poids des incapacités ne tend pas à occuper tout l’espace, contrairement aux tentations dominocentrées. Tout d’abord parce qu’il peut être mis en paroles critiques. Mais aussi parce que l’expérience apparaît dotée d’ambivalences. Il y a des petits bonheurs qui restent nostalgiquement gravés, un peu à l’écart de l’épreuve du manque, et pour lesquels la déploration misérabiliste de l’aliénation généralisée exprime souvent un mépris implicite… »

 Cela continue ensuite, la page 45 est de la même eau. Heureusement, certains écrivent des chansons et pas des essais lourdingues. Et si on allait plutôt voir les bateaux ?